Dans le cadre des discussions sur la troisième revue du programme économique du Gouvernement appuyé par les arrangements sur la Facilité Elargie de Crédit (FEC), une mission du Fonds Monétaire International (FMI) s’est rendue à N’Djamena du 07 au 20 mars 2016. Elle était dirigée par M. Mauricio Villafuerte et a rencontré le Premier Ministre, le Président de l’Assemblée Nationale, la Ministre du Plan et de la Prospective, le Ministre des Finances et du Budget ainsi que les représentants du secteur privé et les partenaires techniques et financiers du Tchad. La mission avait également pour objectif de conduire la consultation au titre de l’article IV des accords de financement entre le Tchad et le FMI. En guise de rappel, le FMI a approuvé un nouvel accord sur la FEC le 1er Août 2014 dans un contexte de chute drastique des cours du pétrole pour un montant total de 122,4 millions de dollars américain sur trois ans afin de permettre au Tchad de redresser sa balance de paiement, d’assurer sa soutenabilité budgétaire, de renforcer les institutions financières et la gouvernance et de promouvoir une croissance inclusive et soutenue à moyen terme.
La mission a observé que l’activité économique du pays continue d’être sérieusement affectée par les deux principaux chocs externes à savoir : la baisse accrue et la volatilité des prix du pétrole sur les marchés internationaux et la dégradation de la sécurité au niveau régional. Ces deux chocs ont eu des conséquences sur la croissance économique qui s’est considérablement ralentie, passant de près de 7 % en 2014 à 1,8 % en 2015 et le produit intérieur brut (PIB) non pétrolier qui a baissé d’environ 3 %. La prise en compte de la production de la compagnie pétrolière chinoise CNPC sur une année pleine, qui a commencé à exporter du brut fin 2014 a par contre permis au PIB pétrolier d’afficher une hausse de plus de 30 % traduisant une forte augmentation de la production pétrolière. Les perspectives montrent une décroissance du PIB réel principalement en raison des problèmes du secteur pétrolier. L’inflation a été marquée à la hausse s’établissant à 3,6 % en 2015 contre 1,7 % en 2014 principalement en ce qui concerne les prix à la consommation des denrées alimentaires et les produits importés en raison des mauvaises récoltes dues à la mauvaise pluviométrie et des problèmes liés au transport causés par la dégradation de la situation sécuritaire.
Les discussions sur les politiques économiques se sont basées sur les problèmes à court et moyen terme avec une revue du budget de 2016 prenant en considération l’évolution des cours du pétrole et la priorisation des dépenses sociales pour une transmission à l’Assemblée Nationale. Le gouvernement élabore également une stratégie globale crédible et transparente pour la gestion et l’apurement de la dette intérieure accumulée en 2015.
La mission recommande au gouvernement de maintenir le suivi et la déclaration des revenus pétroliers, maintenir une politique budgétaire prudente pour assurer la stabilité économique et la viabilité de la dette. Elle souligne également la nécessité de mettre en place des réformes structurelles permettant d’assurer une croissance inclusive au-delà du secteur pétrolier et diversifier l’économie afin de créer des emplois, améliorer l’environnement des affaires et la qualité des dépenses publiques. Le gouvernement s’engage à poursuivre les réformes structurelles notamment le Plan d’Action pour la Modernisation des Finances Publiques (PAMFIP), les transcriptions des directives CEMAC, le recouvrement des impôts non pétroliers, la gestion de la dette, l’exécution du budget et de la communication des informations budgétaires et du suivi de la passation des marchés.
Rony Djekombé
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