Gestion des ressources naturelles et développement économique : Le cas du pétrole tchadien

La performance des nations exportatrices de l’or noir retient de plus en plus l’attention des économistes notamment au sud du Sahara. Avec l’entrée du Tchad dans le cercle très serré des pays exportateurs de pétrole sous un modèle de gestion de ressources dit « révolutionnaire » émergent des interrogations sur l’efficacité du dispositif mis en place. « Gestion des ressources naturelles et développement économique : le cas du pétrole tchadien » s’inscrit dans une dynamique d’investigation menée par Saleh Bichara Ali et apporte quelques éléments de réponse.13318524_10206705669542604_1878837370_n

Il est question dans ce livre de répondre à trois interrogations. Faut-il produire le pétrole tchadien est la première question à laquelle répond le livre. La littérature économique montre dans une très grande proportion que la performance économique des pays exportateurs de pétrole est moindre que ceux dont le sous-sol n’en sont pas dotés. Toutefois, les défis économiques et sociaux auxquels font face les pays de l’Afrique subsaharienne leurs laissent peu de choix sur l’éventualité de produire ou non le pétrole que contient leurs sous-sols. Nous proposons à cet effet un modèle théorique pouvant nous permettre de déterminer la quantité optimale de pétrole à extraire. Ce modèle basé sur la règle de hotelling considère le stock de pétrole comme un actif épuisable produisant un revenu dans le temps. Nous partons du principe selon lequel l’extraction d’une ressource épuisable ou la consommation d’une unité de cette ressource implique l’impossibilité de l’extraire ou de la consommer dans le futur. Extraire une unité aujourd’hui entraine la perte future du revenu qu’elle aurait procuré si elle n’avait pas été extraite. La ressource étant limitée, il serait donc judicieux de l’extraire de façon optimale. C’est ce qui implique l’existence d’un coût d’opportunité qu’il faudra prendre en compte lors de l’exploitation d’une ressource comme le pétrole.

Le financement du projet pétrole a nécessité la mise en place d’un dispositif juridique permettant une bonne orientation des revenus pétroliers. Il s’agit donc de mesurer dans la deuxième question du livre l’efficacité du dispositif mis en place à travers quelques indicateurs. Un accent particulier a été mis sur l’évolution de l’indice du développement humain (IDH). Nous mesurons à travers cet indicateur l’incidence de la manne pétrolière sur les secteurs dit prioritaires par le dispositif.

Certes, l’exploitation du pétrole a métamorphosé l’économie tchadienne sous divers angle mais force est de constater que l’incidence sur l’IDH demeure relativement faible. Ce qui nous permet d’émettre quelques doutes sur la bonne orientation (ou gestion) des revenus orientés vers les secteurs prioritaires. Il importe également de souligner que le livre évoque d’autres indicateurs notamment la qualité des institutions dans un pas exportateur de pétrole, les finances publiques à travers le taux de pression fiscale et enfin l’éducation et le chômage dans la région productrice de pétrole.

Il ne s’agit pas ici d’ériger des écoles dans lesquelles la qualité n’est pas au rendez-vous. Aussi, la santé, l’agriculture et une bonne tenue des finances publiques sont des éléments sur lesquels portent nos recommandations.

 Il est question finalement de tirer quelques recommandations. Le PIB tchadien a sans doute aucun été multiplié par deux sur la période 2004-2013, mais les indicateurs analysés laissent penser le faible respect du dispositif mis en place par le modèle « révolutionnaire ». L’éducation étant considérée comme un secteur prioritaire doit connaitre des changements radicaux dans la mesure où elle est le pionnier d’un développement durable.

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A propos de l’auteur : Saleh Bichara Ali est titulaire d’une licence d’économie appliquée de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. du Sénégal, d’une Maitrise en sciences économiques spécialité économie et management public de l’Université Charles de Gaule Lille 3. Actuellement, il poursuit des études de master 2 en économie internationale et développement de l’université Paris Dauphine.

 

4 Commentaires

  1. J’ai lu avec beaucoup d’attention cet ouvrage. Je le recommande. En effet, je suis en phase avec cet auteur lorsqu’il affirme qu’il ne s’agit pas d’ériger des écoles dans lesquelles la qualité n’est pas au rendez-vous. Effectivement, dans bien de pays africains en dehors de la capitale l’école, les hopitaux, les serives d’Etats sont défectueux. J’ai bon espoir que les recommandations apportées par cet auteur trouveront un écho favorable auprès de nos dirigeants politiques.

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