Environ 16 élections sont seront organisées en 2016 en Afrique. Les pays concernés par ces échéances électorales sont : RCA, Ouganda, Niger, Bénin, Comores, Congo Brazzaville, Tchad, Djibouti, Sao Tomé et Principe, Gabon, Cap-Vert, Zambie, Guinée Equatoriale, Gambie, République Démocratique du Congo, et Ghana. La tenue d’une élection affecte de plusieurs manières la vie d’une nation. Non seulement, elle donne l’occasion à chaque citoyen, jouissant de ses droits, de choisir son dirigeant, mais lui offre également l’opportunité de présider la destinée de la nation. Toutefois, cela n’est pas sans conséquences sur l’économie nationale. En effet, avant, pendant et après la tenue d’une élection, l’économie est affectée de plusieurs manières.
Avant une élection, le candidat sortant peut manipuler la politique budgétaire à des fins électorales. C’est ce que les partisans de l’économie politique appellent un « cycle politico-budgétaire. » Un cycle politico-budgétaire est l’idée selon laquelle, pour augmenter sa chance de réélection, le candidat sortant va mener une politique budgétaire expansionniste, c’est-à-dire les dépenses gouvernementales vont augmenter à la veille des élections. En effet, les dépenses publiques vont permettre de réaliser soit des investissements publics ou financer les dépenses courantes (par exemple l’augmentation des salaires). En ce qui concerne les investissements publics, ils peuvent prendre plusieurs formes : les dépenses dites « Pork Barrel », ie les investissements publics (écoles, hôpitaux, …) géographiquement ciblées au profit d’une communauté donnée ou des éléphants blancs. Pour le sortant, toutes ces réalisations sont des « signaux » sur ses compétences, envoyés à l’électorat. Il convient de rappeler que le Président Gabonais, candidat sortant pour les prochaines échéances électorales gabonaises, a remis les clés des logements sociaux (172) par tirage au sort le 23 Janvier 2016. Bien sûr, nous ne disposons d’aucune information pour assimiler cela à une manipulation budgétaire à des fins électorales. En ce qui concerne la manipulation des dépenses courantes, il vous souviendra que la conjoncture économique a obligé le gouvernement Tchadien à renoncer au recrutement à la fonction publique dans sa loi de finances initiale, nouvelle annoncée par l’ex Ministre des finances et du budget monsieur Ngarlenan Docdjé. Pourtant, le nouveau premier ministre, Pahimi Padacké Albert, a eu l’approbation de la représentation nationale pour recruter 20 000 jeunes au titre du budget 2016. Entre temps les salaires sont difficilement payés, d’autres tels que les maitres communautaires trainent avec plus de 20 mois d’arriérés de subsides. Suivez mon regard !!!
« Moi Président, je vais construire les « hôpitales » pour les femmes et les hôpitaux pour les hommes », un discours tenu régulièrement par les candidats aux élections présidentielles pendant les campagnes électorales. Bien évidemment, toutes ces promesses reposent sur la manipulation du budget de l’Etat. N’eut été la myopie et l’absence de mémoire de l’électeur admis dans certains modèles politico-budgétaires, le candidat élu sera obligé de réaliser ses promesses s’il tient à sa réélection.
Puis, vient le moment des ajustements et austérité budgétaire. En effet, après les élections, il sera question de retrouver les équilibres budgétaires.
Nous comprenons désormais pourquoi les politiques budgétaires s’éloignent de l’optimalité. Avis aux chercheurs Tchadiens de tester cette hypothèse pour le cas de notre pays.
Aristide MABALI
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