Quelques membres du CROSET ont eu l’honneur de faire partie des 100 citoyens tchadiens identifiés au niveau national pour participer au débat citoyen planétaire sur le climat et l’énergie, organisé simultanément dans les cinq continents à travers le monde le samedi 06 juin 2015. Ce débat citoyen planétaire, premier du genre, a été organisé en prélude à la 21ème Conférence de Paris sur le Climat qui se tiendra en Décembre 2015. C’est une initiative du Secrétariat de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), la Commission Nationale du Débat Public (FR), la Danish Board of Technology Foundation (DK) et Missions Publiques (FR) et réalisé avec la collaboration de partenaires de World Wide Views Alliance.
Au Tchad, c’est l’Université de N’Djamena, sous les auspices du Recteur Dr Ali Abderamane Haggar qui a organisé le débat de 8h00 à 17h30 en partenariat avec l’Ambassade de France, l’Agence Française de Développement (AFD) et l’Institut Français du Tchad (IFT).
L’objectif de ce débat planétaire part d’un constat selon lequel depuis toujours, les citoyens sont absents dans les négociations internationales sur le changement climatique. Vingt (20) conférences internationales ont eu lieu sans l’implication étroite des citoyens dans de prise des décisions. Cette 21ème conférence voudrait impliquer étroitement tous les citoyens à travers le monde dans ce processus de négociation sur le changement climatique. C’est pourquoi, ce débat a été organisé dans le but de recenser les différents points de vue des citoyens pour permettre d’élaborer un rapport qui sera utilisé lors de cette conférence. De même, le débat citoyen planétaire contribue à la construction d’une démocratie mondiale à travers le thème du changement climatique. Ce débat apportera un avis citoyen sur le changement climatique aux gouvernements, institutions onusiennes, pouvoirs locaux, entreprises, ONG, etc. Il renforcera la légitimité des décisions prises lors de la conférence des Parties (COP21) de Paris qui sera organisée par la Convention-Cadre des Nations-Unies sur le Changement Climatique et qui impacteront la vie des générations actuelles et futures. Au total, 10.000 citoyens sont identifiés à travers le monde dans 100 différents pays soient 100 citoyens par pays.
Ce débat citoyen planétaire s’est articulé autour de cinq (5) séquences avec chacune, une projection de film sur la question liée au changement climatique. A la fin de chaque séquence, tous les participants à travers le monde passent au vote dont les résultats sont rendus publics progressivement jusqu’à la fin de ces cinq (5) séquences.
La première séquence porte sur l’importance de lutter contre le changement climatique. Après avoir visionné un film sur le changement climatique, les 10 citoyens par table se lancent dans le débat. Cinq (5) questions ont été soumises au débat. Chaque participant exprime ses propres connaissances personnelles sur le changement climatique, les effets de serre, les activités humaines en lien avec le changement climatique, etc. Cette séquence évoque deux concepts clés : l’atténuation et l’adaptation. L’atténuation c’est réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le changement climatique. L’adaptation en revanche, c’est adapter nos sociétés aux changements climatiques qui vont de toute façon se produire. Il y a des effets nocifs (sécheresse, inondations, élévation du niveau de la mer, etc.), d’autres effets peuvent être positifs à l’instar de l’augmentation du rendement agricole dans certaines régions, climat plus favorable au tourisme dans d’autres.
La deuxième séquence s’est appesantie sur les outils pour combattre le changement climatique. Un débat autour de chaque table a eu lieu, après la projection d’un film sur les outils, pour permettre de cerner le niveau de compréhension des participants. Concernant ces outils, il faut relever que certains sont réglementaires à l’exemple des taxes, d’autres sont incitatifs à l’exemple des aides à la recherche, des subventions aux énergies renouvelables. En effet, il se pose aussi le problème de l’échelle d’action et des coûts de l’énergie. Quelques questions telles que « Serons-nous prêts à payer ce prix plus élevé?», «Faudra-t-il agir au niveau local ou au niveau global », etc. ont permis d’illustrer le débat.
Quant à la troisième séquence, les éléments abordés concernent les négociations des Nations-Unies et les engagements nationaux. Après avoir toujours visionné un film, les échanges ont porté essentiellement sur la 21è Conférence des Parties (COP21) de Paris. En effet, quelles seront les propositions lors de la COP21? La question est de savoir si les contributions nationales en faveur du climat devraient être obligatoires, et si les engagements relatifs à l’adaptation et l’atténuation doivent être pris au niveau national ou relever de la responsabilité mondiale. Pour illustrer le débat de cette séquence, quelques questions telles que « Quel impact pourrait avoir la conférence de Paris ? », « Tous les pays devraient-ils être d’accord pour un objectif global?», « Serait-il utile à quel horizon?», etc. ont été administrées aux participants.
La quatrième séquence aborde la question de l’équité et le partage des efforts. Ce volet concerne les responsabilités communes mais différenciées en fonction de la situation passée, présente et à venir de chaque pays, ainsi que les capacités respectives, présentes et futures, des différents pays. Il faut noter qu’en 2009, les pays développés ont convenu de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 en vue d’aider les pays en développement à mettre en œuvre leurs mesures contre le changement climatique. Aussi, il est question dans cette séquence de savoir si, et à quelle hauteur, les contributions du secteur privé devraient être prises en compte dans les 100 milliards de dollars ou si, seuls les fonds issus des ressources publiques, doivent être comptabilisés dans les efforts financiers pour agir contre le changement climatique. « Comment partager les efforts pour limiter le changement climatique de manière équitable entre les pays qui ont émis, qui émettent et qui vont émettre demain ?», «Les pays riches devraient-ils financer les autres pays pauvres à développer les énergies renouvelables ? Si oui à quelle hauteur ?», sont quelques questions illustratives administrées aux participants au cours de cette séquence.
En fin, la cinquième et dernière séquence porte sur les moyens à mettre en œuvre pour s’assurer que tous les pays tiendront leurs promesses. Les débats ont porté sur comment encourager les pays à tenir ces engagements ? Les pays ou la communauté internationale devraient-ils avoir la possibilité de vérifier les mesures mises en place en faveur du climat par les autres pays ? Doit-on les vérifier et comment ? Ce volet concerne le défi de la transparence, du compte rendu de la préparation et de la mise en œuvre des programmes, des actions, des progrès et des contrôles.
Les résultats de vote de chaque séquence ((http://climateandenergy.wwwviews.org/) montrent qu’au niveau mondial 79% des citoyens déclarent être concernés par les conséquences du changement climatique et 63% pensent que le monde devrait, à l’occasion de la conférence sur le climat et l’énergie, prendre une décision pour limiter le réchauffement de la température moyenne à 2°C. Les résultats du Tchad sont comparés avec ceux au niveau mondial et africain. En effet, 86% des Tchadiens déclarent être très concernés par les conséquences du changement climatique contre 79% au niveau mondial et 83% au niveau africain. La majorité des Tchadiens se déclarent en faveur de subventionnement des énergies à faible émission de carbone telles que des énergies éoliennes et solaires pour permettre une réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre. Aussi, 34% des citoyens Tchadiens estiment que le changement climatique doit être une priorité nationale. Ces résultats montrent à suffisance que les citoyens tchadiens sont préoccupés par le phénomène de changement climatique et estiment que cette question sera au cœur de la prochaine conférence de Paris.
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