La qualité des dépenses publiques est l’une des premières conditions pour permettre à tout pays d’atteindre les objectifs escomptés de lutte contre la pauvreté afin d’enclencher le processus de la croissance économique.
Au Tchad comme partout dans le monde, l’importance de la qualité des dépenses publiques n’est point à démontrer. Vecteur de la croissance, la qualité des dépenses publiques peut jouer un rôle de premier ordre dans tous les programmes politiques de lutte contre la pauvreté. Le Budget de l’Etat est donc un instrument puissant pouvant donc accompagner ce processus.
En effet, avec l’avènement du pétrole, le budget de l’Etat tchadien est passé de moins de 300 milliards de francs CFA en 2003 à 1.572,48 milliards de francs CFA en 2011. Cette croissance exponentielle des ressources publiques s’est accompagnée d’une forte augmentation des dépenses publiques dans divers domaines à savoir, infrastructures économiques, sociales, éducatives et sanitaires. Sur le plan macro-économique, la croissance a été surtout tirée pendant cette période par les investissements pétroliers, puis par la production pétrolière. En effet, le Tchad a enregistré une croissance économique à deux chiffres en 2010, soit un taux de croissance du PIB réel de 13,6% après la récession de 2009.
Le secteur des infrastructures est le plus gros consommateur du budget de l’Etat. On note donc une nette amélioration sur les infrastructures routières qui sont passées de 217 km de routes bitumées en 1990 à plus de 6000 km de voies bitumées aujourd’hui. Deux aéroports internationaux sont construits à Moundou et à et à N’Djamena et plusieurs aérodromes dans les grandes villes. Sur le plan des infrastructures éducatives, 27.025 salles de classes sont construites entre 2004-2009, dix universités et instituts universitaires sont également construits dans les grandes villes du Tchad. Sur le plan des infrastructures sanitaires, plusieurs centres de santé et hôpitaux sont construits à l’intérieur du pays dont l’hôpital de la Mère et de l’Enfant et l’hôpital de la Renaissance à N’Djamena. Sur le plan agricole, le Tchad a injecté de gros moyens pour la mécanisation de l’agriculture où plus de 1.100 tracteurs ont été remis aux paysans pour la campagne agricole 2011-2012.
Selon les grandes institutions de développement international, il y a qualité de dépense publique si l’investissement réalisé a permis d’enclencher la croissance économique et donc améliorer de manière significative les conditions de vie des populations d’un pays. Il y a qualité des dépenses publiques, lorsque les différents indicateurs internationaux de développement du pays se sont nettement améliorés après la mise en œuvre d’une politique économique.
Partant de cette définition, nous avons cherché à croiser les différents indicateurs internationaux de développement du Tchad après la mise en œuvre de plusieurs politiques publiques de développement dont les deux versions des Stratégies Nationales de Réduction de la Pauvreté 1 et 2 (SNRP1, 2003-2006 ; SNRP2, 2008-2011) et le Plan National de Développement 2013-2015.
Selon les différents indicateurs de développement parcourus, la question de la qualité de la dépense publique au Tchad nécessite donc une amélioration. Car des ressources publiques énormes sont investies dans un certain nombre de secteurs sans qu’on assiste à une amélioration significative des indicateurs relatifs à ces secteurs.
Par exemple, le Tchad est classé 187ème sur 189 pays selon le Rapport sur le Développement Humain 2020 du PNUD. En 2018, le pays occupe le dernier rang mondial c’est-à-dire 157ème rang sur 157 pays en matière de l’indice du capital humain de la Banque Mondiale. Pourtant, le pays a incontestablement investi ces deux dernières décennies dans le secteur de l’éducation et de la santé. L’évolution des dépenses publiques récurrentes d’éducation ont fortement progressé entre 2004 et 2013 de 22,2% par an en valeurs courantes et 17% par an en valeurs constantes.
Au vu de ces résultats obtenus de la mise en œuvre des grandes politiques publiques de développement dans le passé, le pays est donc interpellé à améliorer la qualité de ses dépenses publiques afin de permettre à la Vision 2030 « Le Tchad que nous voulons » déclinée en trois (3) plans nationaux de développement pour conduire le Tchad vers son émergence tant souhaitée par toute la population tchadienne. Sinon, notre Vision 2030 risquerait de regagner la longue liste des politiques publiques de développement mises en œuvre par le passé qui n’ont pas atteints les résultats attendus à cause de la faible qualité des dépenses publiques. En vue d’éclairer nos lecteurs sur la qualité des dépenses publiques au Tchad, TCHAD ECO 18 est allé rencontrer les praticiens de haut niveau au plan national et international et des organisations de la société civile tchadiennes ainsi que les personnes ressources ayant des compétences avérées dans le domaine de la qualité des dépenses publiques.
Nous souhaitons donc bonne lecture à nos lecteurs.
Jareth BEAIN
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